Précarités, mouvements et syndicats
Les précarités deviennent le lot commun des salariés : précarité de l’emploi, du travail, mais aussi précarité des droits syndicaux et sociaux. Elles interrogent et modifient les processus de production, créent des divisions sociales internes au salariat, questionnent le mouvement syndical axé sur le syndicalisme d’entreprise marqué par la présence dans les instances « représentatives » et accordant peu de place à l’interprofessionnel. Faut-il l’interpréter simplement comme une dégradation d’acquis sociaux et de normes salariales, et en conclure à l’affaiblissement généralisé du mouvement syndical, à l’incapacité des salariés à s’organiser et à se défendre.
Pourtant, hier invisibles, les précaires sont parfois à la pointe de la protestation, souvent en tant que salariés : dans le commerce, le nettoyage, la restauration rapide, les chantiers navals… Peut-on maîtriser la précarité pour conquérir de nouvelles marges de liberté, livrer des batailles intégrant la sécurisation du travail et des conditions d’existence.
Sophie Béroud est maître de conférences de science politique à l’Université Lumière Lyon 2. Elle travaille sur les transformations des organisations syndicales, l’organisation et la mobilisation des salariés précaires, l’évolution des grèves et des conflits du travail. En 2009 elle a co-dirigé : »Quand le travail se précarise, quelles revendications collectives ? » (La Dispute)
Danièle Linhart est sociologue, directrice de recherches émérite au CNRS, membre du laboratoire CRESPA-GTM (Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris – Genre travail mobilités). Elle a écrit sur la souffrance au travail, notamment : Travailler sans les autres ? , Le Seuil, coll. Hors Normes, 2009 ; Le Monde du travail, ouvrage collectif, La Découverte, coll. Textes à l’appui, 2010 ; La modernisation des entreprises, La Découverte, coll. Repères, 3e éd., 2010.