Langages totalitaires
Cote : FAYE
« Nous ne connaissons qu’une seule science, la science de l’histoire. » En barrant cette phrase sur le manuscrit de l’Idéologie allemande, Marx liait pourtant, sous la rature, le problème de la connaissance scientifique à la question de la narration. Il s’agit maintenant de rendre manifeste cette liaison. Le paradoxe de l’histoire, c’est de constituer ce lieu où le récit agit sur l’action – et en « change la face ». Entre deux guerres mondiales, le « récit idéologique » de l’extrême droite italienne et allemande raconte l’histoire sur la base de certains mots : « Stato totalitario », « totale Staat ». Discours articulé matériellement sur la conjoncture économique la plus dangereuse. La question va être : comment ont pu être rendus « acceptables » de tels énoncés. Suivre leur circulation entre les locuteurs, les groupes, les classes, c’est voir se dessiner une topographie, ou une topologie des narrations : celle de l’idéologie. C’est faire apparaître, selon les termes d’un témoin (Rauschning), les « transformations qui opèrent sous le couvert du jargon ». Ici, d’étranges « règles cartographiques » portent le discours des récitants, et leur mettent en mains les formules du pouvoir. Ce qui est finalement en jeu : la mise en acceptabilité du nazisme, et de la plus grande extermination de l’histoire. A travers ce que l’un des plus grands coupables, Franz von Papen, appelait un Kriminalroman.
FAYE Jean-Pierre
1958
24 X 17,5 cm, 772 p.
Hermann
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