Le Pari chilien
Cote : LAMO
Salvator Allende, premier président marxiste de l’histoire du Chili, a entrepris de conduire son pays sur le chemin du socialisme, en évitant le recours à la force et la violence. Arrivé au pouvoir par des élections régulières, celui qui se fait appeler le compahero Présidente entend respecter le cadre légal dont son gouvernement a hérité. « On peut, affirme-t-il, effectuer de profondes réformes économiques et sociales, et changer la société en utilisant les lois de la démocratie bourgeoise. » Le chef de l’Etat chilien n’exclut pas un affrontement armé avec des puissances étrangères, ou avec l’oligarchie de son pays. Mais, estime-t-il, l’unité populaire, coalition des partis de gauche qui l’a porté au pouvoir, ne doit pas provoquer ce conflit. Si violence il y a, la droite devra en assumer la responsabilité, car elle en aura pris l’initiative. L’expérience chilienne suscite un vif intérêt en Europe, où elle sert de référence à de nouvelles tentatives de regroupement de la gauche. En même temps, on ne peut s’empêcher, sur le vieux continent, d’évoquer les espoirs mais aussi les échecs des fronts populaires, et le spectre de la guerre civile suscitée en Espagne par l’arrivée de la gauche au pouvoir. Un certain nombre de questions clefs sont en tout cas posées par la tentative de Salvator Allende de conduire son pays vers le socialisme dans le respect du jeu démocratique. A quelles conditions peut-il réussir ? D’autres pays d’Amérique latine peuvent-ils suivre l’exemple chilien ? Le Chili peut-il servir de modèle aux partis de la gauche européenne en quête d’unité ? Certaines caractéristiques propres au Chili, qui, dans une certaine mesure, font de ce pays une exception en Amérique latine, ont permis à un président marxiste d’accéder au pouvoir par le libre jeu des élections. Mais peut-on construire le socialisme dans la liberté sur un continent dominé par l’impérialisme ? En analysant les difficultés auxquelles se heurte déjà Salvator Allende pour changer les bases de la société chilienne, tout en respectant un cadre légal conçu à d’autres fins, on verra que le pas menant de la prise du gouvernement à la conquête du pouvoir n’est pas si facile à franchir, et que la marge de manoeuvre de l’unité populaire est étroite. Sa capacité à organiser et capitaliser le puissant mouvement de masse qui se dessine au Chili constitue, sans doute, une des clefs de sa réussite ou de son échec. L’enjeu est de taille : à travers l’une des problématiques les plus intéressantes d’Amérique latine, c’est tout le débat au sujet des voies de passage au socialisme, et vers quel socialisme, qui est posé. Catherine Lamour, rédactrice au service étranger du Monde dans la rubrique dirigée par Marcel Niedergang, puis à Politique Hebdo, connaît bien l’Amérique Latine puisque son travail de journaliste l’a conduite de Cuba au Mexique en passant par l’Argentine, l’Uruguay et les pays andins. Elle vient de se rendre à deux reprises au Chili pour tenter d’apporter une réponse à ces questions. .
LAMOUR Catherine
1972
21,5 x 13,7 cm, 314 p.
Stoick