Pour Gramsci
Cote : MACC
Gramsci inconnu, enterré, déformé, oublié. Il ne s’agit pas d’un hasard. La pensée de Gramsci est aussi difficile à supporter par le dogmatisme que par les diverses liquidations du marxisme. On le sait : il y a un cadavre dans le placard, et ce cadavre c’est la théorie marxiste elle-même, comme praxis révolutionnaire. Le problème : les masses sont, de nos jours, toujours plus éloignées des concepts du marxisme vivant, et le grand travail de Marx, Engels, Lénine, Mao est le plus souvent réduit à un squelette universitaire. Or Gramsci, par sa pratique politique, par sa réflexion philosophique, combat permanent contre son emprisonnement par le fascisme, nous interpelle violemment, ici, aujourd’hui. Son originalité est en effet d’avoir, le premier après Lénine, pensé la révolution pour l’Occident, là où la lutte de classes est la plus complexe; là où, surtout, ses particularités idéologiques sont un nœud brûlant de contradictions. Gramsci nous impose la théorie de la lutte dans les superstructures, où la domination de la bourgeoisie, héritage d’une longue histoire, est la plus pesante. Pesante, mais en crise profonde, irréversible. D’où la nécessité urgente d’une autre « conception du monde », celle du marxisme, non pas comme dogme mais comme guide pour l’action. Ce livre étudie tous les concepts clés de la stratégie révolutionnaire de Gramsci : bloc historique, hégémonie, rôle des intellectuels, parti, conception de l’État et de ses appareils dans la « société politique » et « civile », rapports entre infrastructures et superstructures, entre objectivité et subjectivité. Le projet est de transformer les données objectives conditionnant les masses en idéologie révolutionnaire, à travers une permanente révolution culturelle. Mauvaise conscience, ici, des partis communistes occidentaux qui éludent le vrai problème : l’interdépendance entre lutte politique et lutte idéologique. On verra à quel point cette intervention sur Gramsci est loin d’être abstraite : je raconte comment je l’ai vécue (notamment dans l’Université française), quelles résistances elle a déclenchées, quels obstacles il faut franchir, dans la vie concrète, pour être révolutionnaire, agir et se penser dans cette vérité. M.-A. M.
Maria-Antonietta MACCIOCCI
1974
20,5 X 14 cm, 432 p.
Editions du Seuil Collection “Tel Quel”