La barbarie à visage humain
Cote : LEVY
En ces temps d’allégresse, d’espérance ei de promesse, à l’heure où triomphe partout l’optimisme des gais savoirs, voici un livre résolument intempestif. La vie est une cause perdue, dit-il, et l’homme une espèce ratée. La révolution est un leurre et le pouvoir une fatalité. Renvoyant dos à dos les fables radieuses dont s’enivrent nos contemporains, il montre que l’idée d’une société bonne est un rêve impossible et parfois meurtrier. Répondant pied à pied aux litanies de la gauche, il leur oppose la terrible réalité d’une servitude éternelle, chevillée au cœur des hommes. La tâche de la philosophie est aujourd’hui, plus que jamais, de regarder l’horreur en face. D’autres ont instruit le procès du stalinisme, du léninisme et du marxisme. Bernard Henri Lévy remonte plus haut encore, il franchit le dernier pas et consomme le parricide: c’est au «progressisme» en général qu’il s’en prend cette fois, cette longue et lumineuse tradition dont il montre pourtant le caractère réactionnaire. C’est le socialisme lui-même qu’il vise, cet ensemble de croyances et d’idoles qui s’est tant de fois égaré qu’il pourrait bien être voué à fournir aux nouveaux princes d’Occident leurs armes et leurs semonces. Gare aux prophètes du bonheur: ils sont souvent de redoutables oiseaux de malheur. Gare à la barbarie à visage humain : promettant des lendemains qui chantent, elle pourrait bien finir par accoucher de la mort absolue. Que faire, face à ces cruelles, ces tragiques raisons? Ce manifeste lyrique et passionné, écrit dans une langue belle et limpide, s’achève sur l’énoncé d’une politique provisoire, d’une morale positive, qui sauront peut-être préserver le monde de la tentation barbare.
LEVY Bernard-Henri
1977
20,5 X 13 cm, 240 p.
Grasset