Penser la Révolution française
Cote : FURE
La Révolution française n’est pas un sujet historique comme les autres ; c’est un patrimoine politique et moral plus qu’une curiosité intellectuelle. Deux cents ans après, l’événement central de notre histoire continue à être pensé dans les termes qu’il a fait naître. S’il est donc vrai que, de la Révolution française, il existe autant d’histoires que de familles politiques depuis qu’elle a paru sur notre théâtre national, il reste que toutes ces histoires, opposées par les opinions qu’elles expriment, ont en commun d’être des anniversaires de l’origine. C’est pourquoi la ligne de clivage de l’historiographie révolutionnaire, en termes intellectuels, n’est pas celle qui sépare les histoires de droite et les histoires de gauche, mais celle qui oppose l’histoire commémorative et l’histoire conceptuelle : Michelet et Tocqueville. A partir de là, François Furet cherche à comprendre comment on peut conceptualiser une histoire comme celle de la Révolution française, à la fois dans ce qu’elle offre de radicalement nouveau, sous l’invocation d’une origine, et dans ce qu’elle assume de continuité, sous l’apparence d’une rupture. Interrogation qui est devenue le sphinx de toute la gauche européenne, et dont on chercherait en vain la trace dans Marx, pour ne rien dire de ses épigones du XXe siècle. Mais avant que l’expérience contemporaine n’en révèle la tragique pertinence, les éléments s’en trouvent discutés par deux auteurs que les historiens de la Révolution française n’ont jamais pratiqués systématiquement : Alexis de Tocqueville et Augustin Cochin. Ce livre est né de leurs pensées complémentaires comme un essai pour traverser la fausse clarté des opinions et déchiffrer cette grande énigme du monde contemporain : l’idéologie révolutionnaire.
FURET François
1978
22,5 x 14 cm, 260 p.
Gallimard