Les hérétiques du PCF
Cote : DAIX
Le plus grand parti de France n’est pas, comme chacun sait, le parti communiste, mais celui que forment ses anciens membres : déçus, exclus, « renégats », « traîtres à la classe ouvrière », « hitléro-trotskistes », hérétiques. C’est l’histoire de cette dissidence que Pierre Daix a entrepris pour la première fois de retracer. Une histoire maudite, falsifiée, étouffée sous les dépôts massifs et répétés de mensonges, de légendes et de mythes tenaces. Car ces proscrits, ces renégats — qui s’appellent, entre autres, Souvarine, Ferrat, Vassart, Nizan, Tillon, Lecœur… —, ces hérétiques ont parlé, écrit. Et leurs propos, leurs textes, si souvent enfouis, censurés, dénaturés, stupéfient quand on les exhume par leur force et leur actualité intactes. Ce n’est pas seulement l’histoire convenue du P.C.F. qu’ils mettent en cause, mais celle du mouvement ouvrier et celle même de la France d’aujourd’hui qui, en raison de sa tradition révolutionnaire, demeure pour l’U.R.S.S. un enjeu idéologique et stratégique de première importance. Pierre Daix, dont le nom a symbolisé pour plusieurs générations l’intellectuel communiste, a connu bien des centres de décision du Parti. C’est donc à la fois en historien et en témoin qu’il relate la tragédie inscrite dans l’acte même de naissance de la Section Française de l’Internationale Communiste, et qu’il mesure avec effarement l’étendue du gâchis intellectuel, moral et humain provoqué par la rupture du Congrès de Tours. Sa conclusion, pourtant, n’est pas désespérée : ces renégats, devenus légions, ces hérétiques ont en commun d’avoir compris. « La lutte finale aura lieu un jour entre les communistes et les ex-communistes », disait Ignazio Silone à Togliatti. Il entendait par là que ce serait l’expérience du communisme qui tuerait le communisme.
DAIX Pierre
1980
24 x 15,5 cm, 350 p.
Laffont