La politique du peuple. Racines, permanences et ambiguïtés du populisme
Cote : DUPU
Le livre est original par son objectif : traiter des « logiques du peuple » et du populisme, depuis les années de la Révolution jusque vers 1900, après le boulangisme, et par son ton : la réflexion se veut autant méthodologique que politique et entend proposer une autre lecture des mouvements populaires par les professionnels de l’histoire. Annoncée ainsi, l’entreprise n’est pas fréquente ; on ne peut que remercier l’auteur de sa clarté et de son courage pour entamer une telle discussion. Dans une post-face datée des lendemains de « la commotion électorale du 21 avril 2002 » et du « sursaut républicain du 5 mai », Roger Dupuy précise le sens de son livre en estimant que le « vote Le Pen » est un vote protestataire et n’est pas « pour Le Pen ». Refusant de condamner un « aveuglement » des électeurs, de dénoncer les résultats d’une internationale « brune », il fustige les mythifications héritées du Peuple de Michelet, les approches fondées sur les discours des élites parlant du peuple ; il estime qu’il faut d’une part comprendre les logiques d’une authentique politique du peuple, bâtie face à la politisation de la culture moderne, et d’autre part reconnaître une « bassa pulitica » (une politique d’en bas pour reprendre des termes consacrés récemment) incarnée dans des actes radicaux, irrationnels, dépendants de soucis terre-à-terre. En cela il met en doute « la barrière mythique de 1789 » qui parlant du peuple en a fait une catégorie qui ne supporte plus d’être remise en cause. Contre le populisme des élites, pour la reconnaissance d’une authentique « politique du peuple », ce livre qu’il faut bien dire d’humeur entreprend donc une relecture de l’historiographie de la Révolution et du XIXe siècle.
DUPUY Roger
2002
22,5 x 14,5 cm, 256 p.
Albin Michel