1+ 1 +1… Pour ceux qui vont à nouveau croire à la politique
Cote : JARD
D’Alexandre Jardin, on connaît d’abord les romans ou les films. Ce que l’on ignore, en revanche, c’est que cet enfant chéri du public a, plus secrètement, un autre visage : depuis des années, en effet, il tente de faire de la politique à sa façon, et dans le seul but de résoudre, avec des méthodes qui lui sont propres, un certain nombre de problèmes fondamentaux de la société française… Ainsi, voici déjà quelques années, il a essayé, avec des bénévoles, de s’attaquer au problème de l’éducation grâce à une micro-organisation (« Lire et faire lire ») dont l’ambition était simple : puisque la mauvaise maîtrise de la lecture est à la source de toutes les déviances sociales, pourquoi ne pas aider les jeunes en difficulté à mieux lire, à mieux comprendre ce qu’ils lisent ? Pour ce faire – et plutôt que de passer par « en haut » – il s’est attaché à mobiliser des retraités qui, hors horaire scolaire, lisent des histoires à des ados. Comme par hasard, cette méthode a porté ses fruits, et a conjuré la fatalité de l’échec scolaire des ados qui en bénéficiaient. Cette « pratique », d’abord développée en Bretagne, s’est généralisée. Elle rassemble aujourd’hui plus de six mille bénévoles… Du coup, Alexandre Jardin et son association ont ouvert de nouveaux chantiers : sur la violence en milieu scolaire, sur les prisons, sur l’intégration des immigrés, etc… Chaque fois, il s’est agi de recenser des « pratiques innovantes », de les faire appliquer, de les généraliser si les résultats sont concluants. A aucun moment, on ne passe par l’Etat ou par la législation « lourde ». Bref, ce qui se met en place, au jour le jour, c’est bien une autre façon de faire de la politique. Agir, concrètement, et tout de suite. Tel est le programme. 1 + 1 + 1 est le récit pittoresque, drôle, grave, polémique de cette aventure. On y découvre, avec l’auteur, l’inertie des « usines à gaz » réformatrices ; on y comprend mieux les raisons du discrédit qui pèse actuellement sur la politique ; on y devine ce que pourrait être une citoyenneté reconquise et imaginative. Il est pour le moins paradoxal et piquant qu’un écrivain comblé par le succès vienne ainsi à la rescousse d’un appareil d’Etat défaillant. C’est, en soi, un défi.
JARDIN Alexandre
2002
20,5 X 13 cm, 180 p.
Bernard Grasset