Le travail à l’épreuve de l’utopie
Le travail à l’épreuve de l’utopie ou comment transformer les conditions de travail quand la production de richesse reste l’objectif prioritaire ? Pour changer le travail, que nous apprennent les utopies concrètes d’hier (celle du Familistère de Guise par exemple) ? et qu’imaginer pour demain ?
Depuis quelques années l’idée d’utopies, d’utopies réalistes, connaît une nouvelle jeunesse, en particulier, lorsqu’on s’interroge sur les changements dans le rapport au travail. Dans le prolongement des idées autogestionnaires, et en réaction aux politiques néo-libérales, en l’absence de perspectives globales, il est urgent d’explorer d’autres possibles. Déjà dans la deuxième moitié du XIXè siècle, dans le sillage de Fourrier, des expériences ont été tentées.
Michel Lallement s’est attaché à la figure de Godin et au familistère de Guise (une « utopie réalisée »). Jean-Baptiste Godin, homme du peuple et disciple de Fourrier, devenu riche industriel, voulut mettre en pratique les idées de Fourrier et changer l’habitat ainsi que le rapport au travail. Il construit donc le familistère de Guise (dans l’Oise), sur le modèle du phalanstère de Fourier. Dans cette entreprise, à défaut de reprendre toutes les idées de Fourier, il cherche à valoriser le talent, l’initiative et la coopération, transformant l’entreprise en association ouvrière (coopérative de production). Il veut « éteindre le paupérisme en donnant aux classes laborieuses les garanties nécessaires à son existence », partager les bénéfices…
Michel Lallement : « Le travail de l’Utopie. Godin et le familistère de Guise » (Ed. Les Belles Lettres, 2009), « L’âge du Faire. Hacking, travail, anarchie » (Ed.du Seuil, 2015)