force et fragilité du lien social
Le lien social permet le « vivre ensemble ». Il est aujourd’hui fragilisé et ne permet plus l’intégration égalitaire dans la société. Les liens qui lient les hommes entre eux dans la société sont multiples et de natures différentes mais ils apportent tous aux individus, à la fois la protection et la reconnaissance nécessaires à leur existence sociale. L’expression « compter sur » résume assez bien ce que l’individu peut espérer de sa relation aux autres et aux institutions en terme de protection. L’expression « compter pour » exprime l’attente, tout aussi vitale, de la reconnaissance. Le lien de filiation, de participation à un groupe ou à une institution (lien de participation élective), le travail (lien de participation organique) et le lien de citoyenneté sont complémentaires et entrecroisés. Ils constituent le tissu social. L’analyse de ces liens fait apparaître qu’ils se sont fragilisés et sont devenus de plus en plus inégalitaires. Ils s’entrecroisent de plus en plus difficilement au fur et à mesure que l’on descend dans la hiérarchie sociale. Il devient donc nécessaire de repenser le contenu et l’articulation de ces liens pour permettre à chacun de trouver sa place dans la société.
Serge Paugam est sociologue, directeur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, directeur de recherche au CNRS et responsable de l’Equipe de recherches sur les inégalités sociales du Centre Maurice Halbwachs. Il travaille sur la pauvreté, la précarité et la solidarité. Ses recherches s’inscrivent dans une démarche comparative, à la fois quantitative et qualitative, des formes de la pauvreté dans les sociétés modernes, notamment en Europe.
Les liens sociaux se sont fragilisés et sont devenus de plus en plus inégalitaires.