Démocratiser la démocratie
Le terme démocratie est devenu complètement banalisé servant à couvrir à peu près toutes les politiques intérieures et extérieures et l’exténuation des capacités traditionnellement associées avec la figure du citoyen. La crise du libéralisme ramène directement aux rapports de la citoyenneté et de la démocratie.
Démocratiser la démocratie suppose une conception critique de la citoyenneté qui peut s’articuler autour de plusieurs propositions : la transformation nécessaire est un processus sans cesse recommencé qui doit transgresser les limites et les formes institutionnelles reconnues, s’appuyer sur l’invention et pas seulement la résistance. C’est un travail des citoyens sur eux-mêmes, une lutte sur plusieurs fronts, où l’insurrection est la modalité active de la citoyenneté : une radicalité alternative et incertaine.
Etienne BALIBAR, philosophe, est professeur émérite de l’Université Paris Ouest Nanterre, et Distinguished Professeur of Humanities à l’Université de Californie à Irvine. Ancien adhérent du Parti communiste, il est membre de la Ligue des droits de l’homme. Ses nombreux ouvrages et articles sont principalement consacrés à la philosophie politique ; il est le philosophe des contradictions internes.
Il a notamment publié : Lire le capital (en collaboration avec Louis Althusser, Pierre Macherey, Jacques Rancière, Roger Establet), 1965, PUF ; Les frontières de la démocratie, 1992, La Découverte ; Europe, constitution, frontière, 2005, Ed. du Passant ; Violence et civilité, 2010, Paris, Galilée ; La proposition de l’égaliberté, 2010, Paris, PUF.