Pauvreté laborieuse, fruit de la précarité
La pauvreté laborieuse est le résultat des différentes évolutions du marché de l’emploi. Le travailleur pauvre est celui qui travaille à un salaire très bas, ou sur des temps très partiels et/ou temporaires, en constant renouvellement, avec des périodes de non travail et, enfin, qui assure le seul revenu de la famille. Denis Clerc explicite ces évolutions et fait le constat de la précarité installée et durable. Il souligne que la pauvreté laborieuse masque une réalité sociale majeure : le dualisme d’une société dans laquelle une partie de la population est sous-prolétarisée, exclue socialement, parce qu’elle ne dispose pas des armes de plus en plus nécessaires pour affronter le marché du travail. Il constate la multiplication des emplois précaires, la diminution des emplois ne nécessitant pas de grandes qualifications, le coût élevé des services telles les gardes d’enfant et du même coup, l’impossibilité d’un deuxième emploi. Enfin il dénonce l’échec du système éducatif qui fonctionnant par écrémage engendre un laminage social avec pour conséquence le développement des revendications à court terme (défense des revenus) au détriment de la solidarité dont les exclus auraient besoin.
Denis CLERC est économiste, fondateur de la revue Alternatives économiques, et de L’économie politique. Il est membre de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale et Président de la FNARS Franche-Comté (une fédération d’associations s’occupant d’hébergement et d’insertion économique). Il a publié récemment : La paupérisation des Français (Colin, 2010) et Déchiffrer l’économie (La Découverte, 2007-2011).