Syndicalisme et salariat
Depuis une vingtaine d’années, le syndicalisme a perdu de son efficacité et ne représente plus le salariat d’aujourd’hui. Il n’a pas suivi l’évolution du monde du travail. Ce constat vaut partout dans le monde et singulièrement en Europe. Il a connu en France un affaiblissement plus précoce et plus radical qu’ailleurs. Les luttes – lorsqu’il y en a – ne sont plus du seul ressort des organisations syndicales. Pour Jean-Marie Pernot la crise du syndicalisme français s’inscrit dans un cadre commun à toutes les sociétés développées : la diminution des effectifs syndicaux, les difficultés des organisations à peser sur les objectifs stratégiques, l’atomisation du syndicalisme. Ces éléments sont à mettre en rapport avec la financiarisation du monde, les mutations des systèmes productifs, le développement de la sous-traitance et de l’externalisation, la réorganisation des services, le bouleversement des identités professionnelles… D’où les difficultés du mouvement syndical fondé sur l’entreprise et les champs professionnels, et la nécessité de concevoir un avenir dans lequel les objectifs transversaux, sociétaux, devraient avoir une plus grande importance.
Jean-Marie Pernot est docteur en sciences politiques, chercheur à l’Institut de Recherches Économiques et Sociales ; il a été secrétaire général de la Fédération des finances de la CFDT.