Après une histoire très mouvementée entre les femmes et le syndicalisme, on assiste aujourd’hui à une mobilisation syndicale pour l’égalité professionnelle. Sous des formes diverses, les confédérations syndicales font désormais de l’égalité professionnelle un enjeu (formations à l’égalité, développement de la négociation d’accords, soutien à des luttes de femmes, mobilisation avec des associations féministes, intégration de la question de l’égalité dans des mobilisations générales, comme la réforme des retraites ou certaines mesures gouvernementales…). Du fait des lois, de la pression d’associations de femmes et très certainement de la présence de féministes dans leur rang, cette évolution semble réelle, même si les avancées concrètes en matière d’égalité professionnelle sont encore faibles.
Mais pour autant, la place des femmes et de l’égalité dans les syndicats – en interne – est encore loin d’être atteinte. Alors que la part des femmes syndiquées progresse (dans un contexte de faible syndicalisation), on constate que leur place dans les instances de direction (au niveau confédéral, mais aussi à la tête des fédérations et des unions territoriales) est encore faible, sauf mesures coercitives (quotas ou parité) qui ne font pas l’unanimité. Or on ne peut dissocier égalité interne et externe. L’objet de cette intervention est de faire le tour des freins et des leviers possibles en faveur de l’égalité – tant interne qu’externe – dans les syndicats français (en s’appuyant notamment sur les travaux de la Confédération européenne des syndicats).
Rachel Silvera. Economiste, maîtresse de conférence à l’Université Paris Ouest – Nanterre – La Défense, chercheuse associée au CERLIS; co-directrice du groupe de recherche MAGE (Marché du travail et genre en Europe) et membre du comité de rédaction de la revue Travail, Genre et Société ; membre du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ; spécialiste des questions d’égalité professionnelle en matière de salaires, de temps de travail et d’articulation des temps, d’emploi et de relations professionnelles.
Elle a publié notamment : Un quart en moins. Des femmes se battent pour en finir avec les inégalités de salaires, La Découverte, 2014 ; Un salaire égal pour un travail de valeur égale, guide pour une évaluation non discriminante des emplois à prédominance féminine, Défenseur des droits, (avec Marie Becker et Séverine Lemière), 2013 ; Les syndicats, des acteurs de l’égalité eux-mêmes exemplaires Sandrine Dauphin, Réjane Senac, Femmes – Hommes, penser l’égalité, La Documentation française, 2012.
Sophie Binet est dirigeante confédérale de la CGT, où elle est chargée de l’égalité femmes/hommes. Elle est aussi secrétaire générale adjointe de la CGT des cadres et techniciens (UGICT-CGT), qui intervient notamment sur le droit à la déconnexion, les lanceurs d’alerte et le management. Elle est conseillère principale d’éducation et a exercé en lycée professionnel au Blanc Mesnil (93) et à Marseille.