En 1969, Jean-Claude se retrouve en province, dans les Pyrénées Orientales où il devient secrétaire fédéral du PSU. Il s’implique bientôt complètement dans la préparation du congrès de Lille en 1971 qui doit décider de l’avenir du PSU en pleine période de mobilisations sociales et où l’on pense plus ou moins clairement que Mai 68 n’aura été qu’une « répétition » de la révolution à venir. La compétition pour la direction politique du futur mouvement populaire est à la fois en dehors et à l’intérieur du PSU, elle est rude, presque violente. C’est la conception du parti révolutionnaire qui est en jeu.
Au cours de ce congrès mémorable, Jean-Claude est choisi comme porte-parole de son courant. Disposant d’une solide connaissance de la révolution soviétique qu’il considère comme fondamentalement anti-démocratique et s’inspirant d’une riche réflexion menée par une partie dissidente de la gauche communiste italienne (le groupe du « Manifesto »), réflexion déjà entamée par la gauche du PSU, Jean-Claude va défendre ardemment et brillamment la thèse du « mouvement politique de masse ». La question posée est le rapport entre mouvement de masse et organisation politique : celle-ci ne doit plus être comprise comme conscience externe au mouvement, mais comme une synthèse continue entre le mouvement et le patrimoine politique du mouvement ouvrier. Face aux partisans, d’ailleurs divisés, du parti révolutionnaire d’avant-garde, Jean-Claude, craignant à juste titre la logique fractionniste aboutissant inévitablement à des ruptures, défend dans un climat surchauffé et parfois hostile, la nécessité et la possibilité de maintenir l’unité du parti et de le faire évoluer vers une conception du Parti comme instrument de coordination des luttes. Ce que sera le PSU au moment de la lutte des Lip...
On peut alors dire que Jean-Claude a dynamisé une réflexion fondamentale qui remet en question le rôle du parti politique et de l’Etat politique au-dessus de la société. Et ce processus ne peut être combattu que par un mouvement venant de la base, c’est-à-dire sous la forme d’un mouvement autogestionnaire... Un apport théorique fondamental pour l’évolution du PSU.
Dans sa fédération des Pyrénées orientales Jean-Claude a aussi pris conscience de la problématique de la « colonisation intérieure » déjà dénoncée par l’occitaniste Robert Lafont. Soucieux de resituer cette question dans la pensée marxiste, une question d’ailleurs complètement négligée ou ignorée par toute la gauche politique française restée farouchement jacobine, Jean-Claude entend démontrer l’importance et la complexité de la « question nationale » en interaction avec la lutte des classes. Il apporte ainsi les bases théoriques solides pour le positionnement et l’action du PSU sur la question des « minorités nationales » ou des « nationalités » opprimées en France qui sera l’objet d’une conférence organisée à Perpignan en 1972. Celle-ci élaborera le programme du PSU sur une question devenue très sensible, en Bretagne, en Corse, en Occitanie, en Catalogne et en « Euskadi ».
Jean-Claude fera par la suite un travail historique sur les luttes menées dans ces régions, en interrogeant les acteurs PSU et sympathisants qui les avaient menées, une contribution exemplaire à l’histoire du PSU mais aussi des populations concernées. Eternel militant, Jean-Claude a continué le combat en s’engageant dans la lutte toujours recommencée « pour l’émancipation nationale et sociale du peuple basque » comme l’indique le titre de son récent livre consacré au PSU et la question basque.