Abondance/Sobriété : un débat tronqué
Le 24 août le Président de la République nous a promis « la fin de l’abondance » conjuguée à celle de « l’insouciance » rendant nécessaires des « efforts » et des « sacrifices » ; on voit bien qu’il ne vit pas dans le même monde que nombre de Françaises et de Français qui ne l’ont pas attendu pour comprendre que la société de l’abondance n’était pas encore arrivée jusqu’à eux ! Car Emmanuel Macron confond facilement la « société d’abondance » par laquelle le système capitaliste de la fin du XXème siècle a fait miroiter aux sociétés occidentales un accès illimité aux biens de consommation et la possibilité effective d’y accéder pour toutes les couches de population …..
Aujourd’hui, le maître-mot des sociétés humaines ne doit-il pas être au contraire de « trouver un chemin qui leur permette de passer non pas de trop à moins, mais de trop pour certains à assez pour tous », ainsi que le rappelle l’économiste Eloi Laurent dans une tribune parue dans le Monde du 30 août ?
Pour ce faire, il faut maintenant adopter l’idée d’une sobriété-partage, basée sur le principe de justice, indique-t-il en précisant : « Il parait possible de satisfaire des niveaux de vie décents universels tout en réduisant la consommation énergétique mondiale (qui a doublé depuis 40 ans) à condition d’une gigantesque redistribution des ressources entre les pays et au sein de ceux-ci ».
Il n’est que de comparer cette vision ambitieuse aux actes du gouvernement depuis les dernières élections pour vérifier son immobilisme et son conservatisme social ; et même si la Première Ministre Elisabeth Borne a déclaré au journal Le Parisien « ne pas fermer la porte » à une taxation des super-profits pour tenter de désarmer l’opposition de gauche qui la réclame, on est frappé de la voir aussitôt rappelée à l’ordre par le patron des patrons, le président du MEDEF, qui renvoie l’ascenseur au gouvernement en s’écriant que le super-profiteur c’est l’Etat grâce aux recettes fiscales engendrées par ….les super-profits des entreprises, reconnait-il tout de même. Et le même Geoffroy Roux de Bézieux fustige ainsi l’impôt dans la bonne vieille tradition de droite qui ne se préoccupe pas des besoins criants des services publics ….
Rien de nouveau sous le soleil, dira-t-on ? Certes, tant que le peuple n’y mettra pas fin, selon la chanson !